Les français s’inquiètent pour leur retraite, et les médecins, bien plus encore, doivent craindre la réforme envisagée.
La réforme de notre système de retraite confiée à Jean-Paul DELEVOYE devait pouvoir rassurer les français. Son objectif, pérenniser notre système de retraite par répartition, supprimer les niches anormales, les retraites anticipées de certaines professions, les avantages exorbitants dont profitent certains, pouvait sembler judicieux. Mais en fait, cette réforme présente un énorme danger pour les médecins :
- La retraite universelle envisagée veut couvrir tous les français jusqu’à un niveau de cotisation de 3 PASS*, ce qui de fait intègrera dans son champ la quasi-totalité des retraites complémentaires et de l’ASV des médecins. C’est la fin de la CARMF.
- Les réserves accumulées par la CARMF, par les médecins et pour les médecins sont d’un montant d’environ 7 milliards d’euros. Ces réserves représentent les cotisations que des générations de cotisants ont épargné pour assurer la sécurité de leur caisse et donc de leur retraite. La retraite universelle présente le risque de voir ces réserves, propriété des médecins qui les ont accumulées, confisquées pour alimenter les caisses de retraites déficitaires. N’oublions pas que c’est déjà le contribuable qui assure les retraites des fonctionnaires.
- La réforme propose une retraite par point avec une apparente justice : chaque euro cotisé doit apporter le même nombre de points et les mêmes droits. Bien sûr, pour les salariés les cotisations s’entendent cotisation salarié + cotisation employeur, mais pour les médecins, en particulier secteur 1 et OPTAM, la cotisation ASV comprend une partie réglée directement par le médecin, et une partie réglée par la Caisse (1/3 et 2/3), cette participation de la Caisse est une cotisation indirecte des médecins et elle doit être prise en compte. Elle correspond à des honoraires différés, justifiés par l’adhésion à la Convention. La part de cotisation réglée indirectement par la Caisse doit être prise en compte intégralement sous peine de spolier les médecins secteur 1 et OPTAM d’une grande partie de leurs droits.
Enfin on a vu, et ce n’est pas sans signification que l’URSSAF devait effectuer le prélèvement de nos cotisations à la place de la CARMF, c’est nous priver de notre droit de gérer les encaissements, les adapter aux situations particulières, et surtout donner à l’URSSAF le contrôle total des revenus de notre caisse de retraite.
Nous avons tous choisi le système libéral pour la possibilité qu’il nous laissait de gérer seuls, ou collectivement à l’intérieur de notre profession, notre exercice, notre avenir, notre prévoyance et notre retraite. On peut concevoir qu’une petite partie de notre système de retraite participe à l’effort de solidarité nationale, mais il est scandaleux de nous voir imposer la fin de notre caisse de retraite, la confiscation des réserves accumulées au cours des années et du droit de gérer de manière libérale et indépendante nos retraites complémentaires.
La réforme proposée ne doit pas être une étatisation ni un vol délibéré du système libéral que nous avons choisi, elle ne peut être, non plus, la prise en main technocratique de notre Caisse de retraite qui a satisfait des générations de médecins.
L’union des médecins et de leurs syndicats est impérative pour, aux côtés de la CARMF, défendre l’intérêt des médecins.
LE SNARF qui défend l’anesthésie-réanimation libérale, soutient la prise de position commune des centrales syndicales médicales et demande la création d’une plateforme regroupant l’ensemble des syndicats médicaux et la CARMF pour sauver nos retraites.
* PASS : Plafond annuel de la Sécurité Sociale 40524 €